Mes premiers tableaux ronds et rouges
sont un mélange de deux pratiques
qui m'ont occupées pendant plusieurs années.
J'aime le contact avec la matière
obtenue avec la pâte de papier mâché
dont le rendu en séchant continue de m'étonner.
J'appelle cela patouiller au fond du jardin.
Je fabrique mes tableaux en gardant à l'esprit
que ce sont des compositions modelées en relief
où le contour, la texture et la cohérence
doivent être choisis de la même manière
que lorsque l'on compose une œuvre musicale.
la notion de temps tient une place importante.
Je cherche à saisir ou comprendre, chaque œuvre dans sa globalité.
Cependant, chaque galette montre l’aboutissement d’un processus
qui s'est déroulé lentement jusqu'à son achèvement.
Durant plusieurs années,
j'ai contemplé de véritables crêpes que je colorais parfois en rouge,
puis je les glissais dans des pochettes transparentes.
J'aimais prendre conscience de leur transformation se passant en direct sous mes yeux sans que je puisse la voir.
Leur lente et imperceptible décomposition
m'a fait voyager dans un univers de rêverie
où entropie et chaos résonnaient
avec silence du travail inéluctable du temps
sur la matière organique.
À présent, j'ai envie de représenter ses rêveries
magiques comme des instants figés.
Cela continue de m'émouvoir, me nourrit, m'apaise.
Forme et matière ainsi mêlées représentent
mes portraits silencieux.
Tous réunis, ils présentent une certaine unité,
où l'on peut imaginer l’évolution de ma démarche.
Je ne suis encore jamais arrivée
à en conserver un complètement
BLANC.